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LE CHANTIER DE MON NOUVEAU ROMAN :

"Une désarmée des morts"

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Ce sera un roman dont l'intrigue  (laquelle mettra en scène une 'morte en permission') se déroulera dans le Médoc.

Je souhaite en écrire le premier jet cet été 2022.

Cette "page" me permettra de fournir à mes lectrices et lecteurs des éléments relatifs à l'avancée de mon travail.

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13 mai 2022, arrivée à Barrouille, aux alentours de 19h30.

Soirée avec mes hôtes. Consignes pour la semaine. Au réveil, à l’aube, je suis seul avec les animaux de la maison. Longue promenade tout autour de la chartreuse. Le chien m’accompagne.  Les vignes de la propriété me font songer à la forêt shakespearienne qui, dans "Macbeth", est annonciatrice de la chute de la tyrannie : depuis l’horizon que souligne un revers continu de bosquets et de bois d’un vert d’encre, j’ai l’impression qu'est sortie une multitude de guerriers immémoriaux, ceps noueux gueules balafrées, alignés en manipules prêtes à livrer bataille dans le soleil du matin.

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17 mai.

"La nuit, il est frappant combien paradoxalement cette demeure est sans histoire, un corps étranger à la terre sur laquelle elle a été érigée, et dont elle vit, aujourd’hui en faisant face aux turbulences du marché international du vin et à la désaffection du Bordeaux, hier en y puisant sa sève, c’est-à-dire son or rouge, les mains qui ont érigé ces pierres n’ont pas laissé d’empreinte, cette conviction se renforce quand, par ciel dégagé ou que très peu nuageux, une luminosité blafarde et grise, plutôt crémeuse, s’épand sur la bâtisse et ses dépendances sa cour d’apparat le parc l’ancien verger et les règes qui les sertissent, rendant inutiles à l’intérieur d’y actionner les interrupteurs électriques et dehors le recours à la moindre torche, on a du mal à imaginer au XIXe siècle les maîtres du lieu munis d’un chandelier ou d’une lampe à huile afin de passer d’une chambre à l’autre, pour surveiller le sommeil des enfants ou raccompagner leurs hôtes à une voiture, en proie à l’insomnie on circule pas vraiment à tâtons mais comme au-dessus d’une nappe de lait tourné sur lequel la lune découpe la silhouette du château, une masse compacte surmontée de sa vigie carrée, aucun bruit animal ni en provenance de la construction ne parvient aux oreilles de celles et de ceux qui au lit cherchent le repos, absence de résonance et d’écho, pour autant tout autour cela doit nécessairement bruire, rongeurs gibiers de plume chevreuils, peut-être sangliers, sans oublier les créatures du crépuscule et des ténèbres, les souvenirs qui étreignent et les secrets qu’on étouffe, et dans les murs les soubassements la toiture la sape du temps qui emporte les certitudes et ruine les gloires pourtant coulées dans leur superbe."

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18 mai.

Il aime la vie et il ne se fait pas du tout à la perspective de la quitter, un jour. Un peu plus jeune, il imaginait qu’en prenant de l’âge on s’en arrangeait, c’est ce futur qu’il me promettait, il appelait cela « la pensée du corps Â», il constate aujourd’hui que sa personne pourtant plus aussi fringante que par le passé ne se résigne toujours pas, même de moins en moins, à la perspective de s’éteindre. ses proches lui confient que cela transparaît dans sa façon d’être au monde et avec les autres ; et que cette incapacité d’accepter sereinement l’inéluctable innerve tous ses textes, bref son stoïcisme aurait des limites. il ne l’ignore pas, il ne doute non plus qu’il écrit ses livres des parages où il croise la mort et ses Å“uvres. Sur ce point, celui auquel il travaille en ce moment ne se différenciera pas des précédents.


Voilà pourquoi, pendant sa « préparation au roman Â», il a éprouvé le besoin d’arpenter le site archéologique de Brion où ont été découverts des vestiges qui sont probablement ceux de la ville antique de Noviomagus, mentionnée par Ptolémée comme étant la seconde cité des Bituriges Vivisques après Burdigala (la future Bordeaux).


Avant de quitter « Barrouille Â», il a formé le projet de pousser par la suite jusqu’à Cissac afin de se recueillir sur la tombe du père d’une jeune femme qui a été parmi ses étudiantes il y a plus de dix ans. Au début du mois, elle lui avait fourni assez d’éléments pour trouver facilement la sépulture de son parent, voisine de celles de son propre père et d’un de ses amis chers. Ce cimetière a été agrandi en direction d’Artiguillon ; un muret sépare l’ancienne nécropole de la nouvelle si bien que celle-ci en paraît l’annexe ; un mur érigé le long du parking destiné aux visiteurs a été percé d’un portail donnant sur une allée qui coupe en deux cette fort peu heureuse extension ; or si le côté gauche de celle-ci accueille d’assez nombreux tombeaux, il en est tout autrement à droite, ce secteur n’en compte que trois, ceux qu’il cherchait. Pour s’acquitter de ses devoirs envers celui à qui il avait décidé de rendre hommage, il a disposé sur le rebord du monument funéraire les trois cailloux dont il s’était muni. Et puis il a déguerpi…


Moins d’une heure plus tôt, à Noviomagus, il avait ressenti une paix immense, associant la multitude des fleurs qui égaie la prairie entre les ruines du théâtre et celles du temple à la présence symbolique de tous ceux qui, à l’époque d’Ausone, les avaient fréquentés, et qui n’étaient plus, effacés depuis des siècles de la mémoire des humains et des palimpsestes qui avaient chanté leurs amours et leurs joies.

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21 mai, Bordeaux.

Le "chantier" n'est pas fermé, il se poursuit, souterrainement. Je suis revenu au quotidien. Pas mal de tâches professionnelles et académiques devant moi. J'essaierai d'entamer la rédaction du roman vers le 15-20 juin. C'est mon objectif.

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20 juin. Fribourg (Suisse).

« Parce qu’on ne saisit pas l’embrouillamini du monde en posant simplement ses yeux sur lui, à certaines conditions, à la fois difficiles à répertorier toutes et d’abord à satisfaire, l’écriture fournit une voie pour le déchiffrer, même si ce n’est que partiellement, ou provisoirement. Ce sont des livres de cette engeance qu’il aimerait fomenter. À celui-ci, il s’est préparé. Depuis l’été précédent où il a dégrossi son projet, imaginé une intrigue générale et l’articulation des différents espaces et niveaux de narration, silhouetté et nommé ses personnages, amassé de la documentation, déterminé les éléments dramatiques dont il tresserait ses pages et son histoire, planifié les efforts à consentir et les objectifs à atteindre sur une année. Pendant ces semaines et puis durant les mois où il n’était pas censé rédiger, en raison de ses charges ordinaires, il a constaté, étonné, que cette préparation au roman, quoiqu’essentiellement souterraine, se poursuivait, si bien que malgré lui des bouts de ce livre cristallisaient en phrases et paragraphes, et qu’il avait à les conserver, dans le dossier destiné à cet effet du disque dur de son ordinateur. De ces surgissements, il a déduit que son récit ne demandait plus qu’à être coulé dans sa langue et qu’il n’était pas impossible qu’il en obtienne le premier jet lors des grandes vacances prochaines, du moins s’il veillait à ne pas les aborder avec moultes tâches professionnelles et alimentaires susceptibles de phagocyter le temps nécessaire à sa création. De l’hiver au printemps, il n’a donc pas ménagé ses forces de manière à ne pas connaître pareille déconvenue. Ces fragments quasiment automatiques, arrachés d’un ouvroir poétique qu’il avait cru mettre en sommeil à la rentrée de septembre, ont contribué à atténuer l’angoisse avec laquelle il compose au cours de la gestation de ses fictions, celle de de ne pas y arriver ou, sa variante celle d’accoucher d’un texte d’une qualité inférieure à celle de sa production antérieure. Et comme il avait l’impression qu’il ne maîtrisait pas trop mal son sujet, entre deux sessions d’examen, il s’est en connivence avec les propriétaires concocté une résidence à Barrouille. De cette semaine médocaine, dans le Barrouille de la réalité géographique et sociale, il y a beaucoup réfléchi, il en a aussi rêvé, espérant être capable de s’abstraire sans transition du quotidien et du prosaïque pour plonger profond dans le romanesque, et collecter ainsi multitudes d’observations et de remarques, et faire sourdre assez d’intuitions, pour tourner dans l’argile des mots et le modelé de ces périodes un Barrouille certes imaginaire mais plus juste et consistant que le vrai… Â»


En cette soirée du 20 juin, cette page ayant été écrite et le sort conjuré, il estime avoir réactivé le chantier de son roman.

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4 juillet 2022. Un point : le premier jet du Chapitre I est écrit. Je dispose de 26 feuillets écrits depuis l'ouverture de ce "chantier". J'en suis satisfait : ce qui ne signifie pas que je sois content de la qualité du texte, je n'ai pas assez de recul pour l'apprécier, pour ce faire il faudrait que je fasse "reposer" ma prose et que je la relise d'ici un bon mois ; ce dont je suis content c'est d'avoir écrit, ces 26 pages, selon le plan initial (quoique...). A ce propos une remarque : j'ai suivi le plan détaillé que je me suis donné mais j'observe (et je ne m'en inquiète pas, c'est un processus "normal") deux choses : l'écriture m'impose des "rajustements" à l'architecture projetée de la narration (dans l'agencement des différents "temps" du récit) ; un personnage secondaire (Hortense) a pris dans ces 26 pages beaucoup plus de place que ce que je lui "promettais" (Hortense pour l'heure est plus "étoffée" que Véronique). Bon. A suivre.

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12 juillet 2022.

Depuis 2015, mes livres sont écrits sur une ligne de crête (du moins je l’espère) d’où la langue peut à tout moment verser du côté de la peinture et surtout (dans mon cas) de la musique : "Bordeaux la mémoire des pierres" a mobilisé pendant des mois du flamenco (Camaron de la Isla, Manuel El Agujeta) et "Si me quieres escribir" chanté a cappella par Marina Rosell ; pour "Une Fille d’Alger", c’était Lili Bonniche et son "Alger Alger" en concert ; avec "Scènes de la guerre sociale", j’ai puisé dans Colette Magny et son album "Répression" ; et pour "Garonne in absentia" j’ai eu besoin de Maurice Ravel et de sa "Pavane pour une infante défunte"…

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Pour "Là-bas un enfer au milieu des eaux", j’ai beaucoup hésité c’est-à-dire qu’en fait j’ai changé à plusieurs reprises de matrice musicale (l’expression me convient) pour mon écriture. Successivement, je me suis intéressé à Pierre Boulez et à l’enregistrement (remarquable par le Quatuor Diotime) de son "Livre pour Quatuor" ; puis au "Pierrot lunaire" de Schoenberg dans une interprétation éblouissante de Patricia Kopatchinskaja ; ensuite, j’ai préféré "Vingt regards sur l’Enfant-Jésus" d’Olivier Messiaen (interprétation Bertrand Chamayou) ; et je suis revenu à Boulez avec une "Explosante fixe" (pièce dirigée par Matthias Pintscher) qui me plaisait davantage (c’est-à-dire que je considérais mieux correspondre à mes intentions et projet romanesques). Mais… cela clochait, si j’ose dire.

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Cet après-midi, après avoir écrit (un peu), je suis tombé sur cette version de "Youkali" de Kurt Weill, chantée par Barbara Hannigan :

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https://www.youtube.com/watch?v=7gDR2qBF7aM

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La version plus ancienne d’Ute Lemper n’est pas négligeable. Mais c'est celle de Hannigan que je retiens.

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Plus de doute, voilà la musique du livre que je porte en moi. Le hasard objectif m’a apporté l’air que je cherchais et que je n’avais pas trouvé jusqu’à aujourd’hui : "Youkali" est un tango tiré de "Marie-Galante" une oeuvre musicale tirée d’un roman de Jacques Deval (1931) ; il y est question d’une fille de Bordeaux…

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27 juillet 2022.

Le point de l’avancée du chantier. Hier, j’ai terminé le premier jet du deuxième chapitre « comme contrepartie du contrat passé Â». Je dispose de cinquante-six feuillets. Comme je suis un obsessionnel, j’aime bien les chiffres : j’en suis à 40% du roman que j’ai « prévu Â» puisque je suis un plan comportant cinq chapitres ; en termes de volume, j’ai un peu plus de feuillets que ce que je voulais (un livre de cent feuillets avec cinq chapitres de vingt  feuillets chacun). J’ai commencé la rédaction de ce livre le 20 juin. J’avance donc mais pas au rythme initialement souhaité.


Que dire ?

D’une part, durant cette rédaction, s’est imposé à moi que je n’avais pas à travailler mon roman comme je « bosse Â» à et pour la fac, c’est-à-dire comme un dément, dans un flot continu imposé par le temps réel et l’uberisation du métier. Par conséquent peu importe que je sois en « retard Â» ou en « avance Â» par rapport à ma feuille de route, ces notions d’avance et de retard n’ont pas de sens ici, et si je n’ai pas terminé d’écrire ce premier jet à la rentrée universitaire ce ne sera pas la fin du monde, il m’incombera de trouver les voies et moyens de poursuivre ma tâche, certes en m’acquittant de mes devoirs de professeur mais sans renoncer à mon écriture romanesque, ce sera une question d’organisation et de patience.


D’autre part, je suis habité par le doute. J’écris mais sans trop être en mesure d’apprécier la qualité de mes pages. J’écris mais je ne suis pas en résidence d’auteur : outre le quotidien, j’ai sur moi plusieurs autres charges qui pèsent et me stressent. Pour être plus clair, je ne suis pas dans une situation me permettant d’écrire dix heures par jour, sans avoir à me préoccuper d’autre chose. Mon travail est fragmenté. Chaque fois que je le reprends je dois me replonger dans le monde que j’essaie d’inventer et de faire vivre. Ce n’est pas simple. Cela explique le « retard Â». Cela justifie aussi ma satisfaction d’avoir écrit autant (deux chapitres sur cinq en un peu plus de cinq semaines). Cela étant, restent les incertitudes et les interrogations.


Ce questionnement concerne deux domaines lesquels sont liés : l’histoire que j’écris et la façon dont je l’écris sont telles de nature à intéresser des lecteurs ? par rapport à mes trois derniers livres est-ce que ma langue « tient Â» ?


Nous sommes le 27 juillet. Je m’accorde vingt-quatre ou quarante-huit heures pour relire ces deux chapitres et y intégrer quelques minuscules ajouts (en rédigeant ces cinquante-six feuillets j’ai rempli huit fiches suggérant huit ajouts, un ajout par fiche).


Ensuite je me lancerai dans le chapitre III. Avec la nécessité d’affronter la source d’une autre inquiétude : dans mon plan, très structuré, comme j’en ai l’habitude (il est conçu avec cinq « niveaux Â» de narration tressés les uns avec les autres), il y a cinq petites cases vides or il va falloir que je trouve les « motifs Â» qui viendront « combler Â» ces « compartiments Â» vides.


Bon. La suite de ce journal d’ici quelques jours…

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1er août 2022.

Bilan d’étape après relecture du premier jet des chapitres I et II : j’ai intégré des ajouts à partir des huit fiches de commentaires et d’« observations Â» que j’avais constituées au fil de la rédaction ; je dispose de soixante-et-un feuillets. J’en ai profité pour « traquer Â» des répétitions et donc varier et enrichir mon lexique. L’ensemble ne me paraît pas honteux, des passages voire des pages m’ont semblé heureux. Je me demande toujours néanmoins si cette fiction peut intéresser des lecteurs, si je ne me complais pas dans le nombrilisme.

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12 août 2022.

La rédaction avance mais le chapitre III « et dans un silence sépulcral Â» n’est pas terminé. Je dispose aujourd’hui d’un premier jet de quatre-vingt-un feuillets.


Plusieurs constatations s’imposent à moi :


1.L’écriture me coûte ; je m’arrache phrases et paragraphes, c’est douloureux. La progression s’effectue à partir du signifiant. Je ne suis pas en proie au vertige de la page blanche même s’il m’arrive de piétiner pas mal de temps devant un « os Â» et de ne pas savoir « spontanément Â» me tirer de ce mauvais pas. La « solution Â», je la trouve dans la recherche de synonymes, d’équivalents lexicaux, de tournures syntaxiques me permettant de « contourner l’obstacle Â». J’ai l’impression que le texte qui s’élabore sous mes yeux et à partir de mon clavier d’ordinateur relève de la marqueterie.


2.J’ai l’impression que la dynamique de l’écriture est bien à l’œuvre et qu’elle se manifeste dans des « suggestions Â» et des changements d’orientation qu’elle m’impose et que le plan initial du roman n’avait pas envisagés. Cette observation me fait du bien, je suis enclin à penser que je ne me trompe pas, que c’est bien l’effet du procès d’écriture que je note et relève.


3.Si la précédente remarque est fondée, je crois « chemin faisant Â» pouvoir « combler Â» les quelques « cases Â» restées vides de mon plan initial (comme pour mes autres livres, j’ai élaboré un plan détaillé de ma narration en vertu d’une architecture « complexe Â» : cinq niveaux de récit entrelacés dans une succession précise – j’ai visualisé cette composition par un schéma à cinq abscisses et ordonnées) : on a compris que le 20 juin, en entamant le premier jet de cet ouvrage, il me « manquait Â» des idées pour « nourrir Â» un certain nombre de cases (moins d’une dizaine) – c’est-à-dire de « séquences Â», de « segments Â» - dudit schéma.


4.L’écriture (toujours en cours) du chapitre III a fait jaillir plusieurs « idées Â» de nature à alimenter des « cases Â» vides. Mais mon rapport à l’écrit et à la création exigeant un minimum d’immersion de ma part dans la réalité et en lisière de ce satané réel qui fuit, je vais devoir me rendre dans les prochaines semaines notamment au cimetière du Montparnasse, traverser la Gironde entre Blaye et Lamarque, assister aux vendanges à Barrouille. Cela signifie que le premier jet de Là-bas un enfer au milieu des eaux sera toujours en chantier lors de la rentrée universitaire. Cette perspective ne m’inquiète pas et je m’en félicite. C’est en étant vraiment serein que je n’écarte pas la possibilité de prolonger cette phase d’écriture jusqu’aux congés de Toussaint de manière à concilier mes devoirs académiques (les cours et le suivi de mes étudiants), mes engagements de chercheur (entretiens à Station Ausone-Librairie Mollat avec Catherine Millet le 16 septembre et avec Benoît Peeters le 21 ; intervention à Princeton aux Etats-Unis à une journée d’étude consacré à l’écrivain patrice Nganang ; participation à un comité de recrutement d’un professeur et présidence d’un comité d’évaluation HCERES d’une équipe d’accueil) et la nécessité dans laquelle je me trouve de (re)voir un certain caveau à la date précise du 1er novembre…


5. J’espérais un manuscrit de cent feuillets. Le premier jet sera plus volumineux…


À bientôt ! Et merci de suivre la gestation de ce livre !

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Mardi 23 août 2022.

En vrac. A cette heure je dispose de 88 feuillets (de premier jet) de mon roman. Le troisième chapitre est presque terminé : j’ai volontairement mis entre parenthèses une séquence pour laquelle je dois d’une part rencontrer mon très cher ami Guy Lenoir et d’autre part traverser la Gironde à partir de Blaye. Les premières lignes du quatrième chapitre ont été rédigées. Que dire de plus ? Trois choses me viennent à l’esprit ce matin :


1/ depuis le 25 juillet l’écriture de mon roman est allée de pair avec un régime alimentaire « drastique Â» (pour moi : pas une seule goutte d’alcool – je continue – et une réduction des portions alimentaires et une sélection des aliments) ; je perds du poids, je noircis des pages ; je ne me supportais plus dans ma panse et mes bourrelets, j’en ai moins au bout d’un mois, mais je veux m’obstiner (c’est à dessein que j’use de ce verbe), je continue « le régime Â».


2/à compter d’hier le chantier de ce roman est quasiment interrompu, je ne suis pas en panne d’inspiration, mais j’ai l’esprit encombré, c’est la vie qui me bouscule et qui vient alimenter mes doutes, ceux que j’ai évoqués déjà ici : je ne sais pas si le premier jet que j’écris est bon ; j’ignore si mon éditeur prendra ce roman une fois terminé ; je n’ai aucune idée de la façon dont les lecteurs recevront cet ouvrage et d’abord si des lecteurs il y aura…

Pourtant lorsque je relis (des coups de sonde, ici ou là, un peu au hasard du fichier), il me semble que cela « tient Â», que ce n’est pas si mal, que c’est même plutôt bien ; mais la rentrée littéraire me désespère, copinage bidouillage textes insipides nombrilistes mal écrits montés au pinacle par une critique même universitaire, surtout universitaire (?), qui agit en attaché(e)s de presse, une critique sous « pavillon de complaisance Â»â€¦


3/je vais donc prendre mon temps et verrai bien ce qu’il arrivera à ce roman en chantier et beaucoup écouter Ferré : n’est-ce pas Richard ? avec des problèmes d’homme, simplement, de mélancolie…  

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Lundi 5 septembre 2022

J’ai eu l’occasion, ici-même, en date du 12 août, d’expliciter le schéma narratif de ce roman : une alternance (voulue comme un tressage) de cinq plans narratifs « saisis Â» en cinq moments différents. J’ai alors indiqué que j’avais entrepris la rédaction du premier jet alors que plusieurs « cases Â» de cette architecture demeuraient « muettes Â», j’avais estimé en juin dernier inutile d’« attendre Â» l’inspiration pour parachever le plan détaillé de mon ouvrage, le cadre (dont j’étais certain que je n’allais pas le remettre pas en doute) suffisant amplement pour me plonger dans l’écriture.


Le 19 août, l’élaboration de ce premier jet s’est interrompue, le cours de l’existence s’est poursuivi. Il se trouve que le hasard objectif conjugué au travail souterrain de pensée m’a permis de « compléter Â» la structure en « damier Â» du livre. Désormais, je sais très exactement quels motifs je développerai dans chacune des vingt-cinq séquences du roman. Il me manque juste, pour deux d’entre elles, un peu de documentation. Je m’appliquerai ans les deux ou trois semaines à venir à rassembler les éléments qui nourriront mon texte en gestation.


Par ailleurs, aujourd’hui j’effectue « ma rentrée Â» académique et dispenserai mon premier cours de l’année. J’ai la ferme intention d’organiser mon emploi du temps de sorte que je puisse à la fois m’acquitter de mes tâches professionnelles et consacrer au moins deux heures quotidiennes à ce roman « médocain Â». J’espère annoncer bientôt que son chantier est réouvert.

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23 septembre 2022.

Bilan de rentrée. J’ai écrit cinq (petites) pages depuis que j’ai repris le chemin de l’université au début du mois. Dans un premier temps, j’ai réussi à ménager un moment dans la journée pour mon écriture tout en ménageant le quotidien et en m’acquittant de mes tâches professionnelles. Mais à la fin de la première semaine je n’ai plus pu maintenir cet équilibre entre mes différentes activités. Je le note, le déplore mais n’en fais pas un drame. J’ai cependant réussi à compléter ma documentation le week-end passé en vivant ce que j’avais projeté et dont j’avais besoin pour me sentir en situation d’écrire plusieurs séquences du livre : traverser la Gironde en bac depuis Blaye ; assister aux vendanges (d’une moins à leur commencement) à « Barrouille Â» ; élucider le « mystère Â» de la sirène de Las Cases en retournant au port de Beychevelle pour y fureter et y trouver les informations qui me manquaient. Ces trois objectifs ont été atteints. Il ne me reste plus qu’à rencontrer Guy Lenoir (je déjeune avec lui demain) et décider si je passe ou non à Loches pour voir la maison de Pierre Bourgeade et m’imprégner de l’atmosphère de cette petite ville (un de mes correspondants m’écrivait le 18 octobre 2009 à propos de cette demeure ceci : « J’ai eu l’occasion, voici quelques semaines, de passer par Loches et de me recueillir un moment devant la maison qui fut la dernière demeure de votre ami Pierre Bourgeade. Une maison ancienne sise au pied des remparts de la Cité Royale dans une rue presque piétonne et en cul-de-sac, sous la terrasse du logis royal où vécut Agnès Sorel, favorite de Charles VII et considérée alors comme la plus belle femme de son temps (j’aimerais y voir là un clin d’oeil), avec une belle vue sur la vallée de l’Indre. J’ai pensé à vous en ces instants là et à l’amitié qui vous liait à Pierre Bourgeade. J’ai pris, pour vous, une photo de cette maison mais, à la réflexion, je ne me suis pas permis de vous l’envoyer. Sans doute préférez-vous garder en mémoire l’appartement parisien de votre ami et vos rires complices plutôt que ce lieu qui fut, pour lui, celui de la maladie. Sachez cependant qu’il s’agit d’une belle demeure pleine de caractère. Mais pouvait-il en être autrement... Â»). J’écris ces lignes alors que je rentre de Paris, je m’y suis accordé quarante-huit heures à la fois pour essayer de jeter les bases de la future Association Jacques Abeille (merci à Anne Hautecoeur), renouer avec des amies perdues de vue (Marie L., Michèle Larue) et me « nourrir Â» sur le plan sensible dans un « or du temps Â» (flâner, prendre le soleil sur un banc dans un jardin, visiter la bouleversante exposition Gérard Garouste – que je recommande).  Les soucis qui m’assaillent sont toujours là. Ils encombrent mon esprit. J’ai la désagréable impression d’avoir la tête à la fois vide et pleine d’un tohu-bohu éprouvant. Dans mon cahier de bord, je consigne les multiples choses que je dois accomplir : j’ai l’impression que l’enchaînement des actions me privera jusqu’à Noël du « temps pour moi Â» nécessaire à la création. Pour ne pas sombrer dans une noire mélancolie, je songe qu’avec un regain d’organisation obsessionnelle il me sera peut-être possible d’écrire, malgré tout.

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13 octobre 2022.

Je dois bien admettre la réalité à laquelle je suis confronté : le quotidien, les préoccupations qui sont les miennes et la vie universitaire ordinaire m’interdisent de travailler à ce roman ; je ne parviens pas à me plonger dans l’écriture, que ce soit en m’y consacrant une heure ou deux (deux, ce serait mieux parce que probablement plus productif) par journée ou en y réservant une partie de la semaine. Ainsi, depuis le 26 septembre, n’ai-je pas ouvert le fichier contenant le manuscrit en cours d’élaboration. J’en suis réduit à opter pour une autre « tactique Â» : ménager dans mon emploi du temps de courtes périodes (trois, quatre ou cinq jours), en un lieu éloigné de l’université, en dehors de mon domicile, pour m’y retirer et y écrire le plus possible, ce qui implique au moment de rejoindre ce refuge d’être à jour de ma besogne et de mes corvées, et d’être apte à faire momentanément abstraction de mes soucis. La solution que j’entrevois et que je me propose d’expérimenter dès la semaine prochaine relève par conséquent d’« une écriture à éclipse Â» : la générosité d’un ami peintre me permettra d’installer mes quartiers, dès mercredi 19, dans un chalet, au bord de l’océan. Que l’air du large puisse dérouler les phrases qui, en moi, lanternent...

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14 octobre 2022.  

On peut visualiser le plan de ce roman en confectionnant un damier, je l’ai déjà indiqué. Cette architecture n’a pas changé depuis que j’ai entamé la rédaction de ce texte. J’ai simplement précisé à deux reprises que j’ignorais encore comment « remplir Â» certaines de ses « cases Â», le motif de celles-ci m’échappant. Je constate, depuis fin juin, que c’est la vie, au gré des situations dans laquelle elle me plonge, qui m’apporte les « idées Â» dont j’ai besoin pour compléter cette « marqueterie Â», la vie, donc, avec ces bonnes et aussi pénibles sollicitations, et non pas une élaboration « intellectuelle Â» sans rapport avec elle. Jusqu’à ces derniers jours, je songeais (en doutant de la pertinence de mon dessein) consacrer la séquence relevant des « Champs des morts Â» du chapitre 5 (« Ã€ ses trousses la camarde déjà l’efface Â») à l’évocation du cimetière de La Chartreuse à Bordeaux ou à celui de La Chaux-de-Fonds en Suisse sous les fleurs du 1er novembre. L’annonce de la disparition d’une amie en a décidé autrement. Je compte me recueillir sur sa tombe, à Maisons-Laffitte, courant novembre. J’essaierai d’en tirer quelques pages, elles prendront la place de celles que j’envisageais (sans grande conviction) de broder. Dois-je en conclure que l’ouverture cet été de ce chantier romanesque était prématurée ? Que mon livre n’avait pas assez mûri en moi ? Insoluble interrogation. Ce qui me semble nettement plus établi c’est le caractère existentiel de mon écriture, son ancrage dans le réel et la réalité, sa parenté avec ce qui a été au cÅ“ur de la démarche d’André Breton et de quelques autres.


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1er novembre-4 novembre, Fribourg (Suisse)

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J'écris en insomnie créative éclipse et damier...

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15 février 2023, Fribourg (Suisse)

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Voilà trois mois que je n'ai pas mis à jour ce journal de chantier, j'ai pourtant écrit, je commence même à croire et à percevoir que je suis sur le point d'atteindre le "bout" du premier jet. 


Ce journal n'a pas été mis à jour depuis novembre mais j'ai fait état, par fragments, de mon travail sur ce site, en téléchargeant sur son blog des extraits tout juste rédigés de ce roman en procès : 14 février et 30 janvier 2023.

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Son titre a changé. Deux fois. Je pense avoir trouvé hier, dans le train entre Paris et Lausanne, le définitif : "Une désarmée des morts". Peut-être fallait-il que j'aille m'incliner à Maisons-Laffitte devant la tombe de Maïté.


Dans ma narration où est-ce que j'en suis désormais ? Du "damier" il ne me reste plus qu'une "case" (celle de la/des sirènes) et bien sûr il m'incombe d'achever la relation de la confrontation entre Véronique et Maurice. Ce matin c'est ce dernier aspect qui me pèse : ce récit nécessairement fractionné dans sa forme doit dans mon esprit, mentalement, "couler" comme un flux. Hier au soir, et tout à l'heure, la "coulée" tardait à se manifester... Aussi ai-je songé mettre à jour ce "carnet" pour ruser et faire advenir, "comme si de rien n'était", le flot... A suivre, donc.  

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11 mars 2023, "Bordeaux" (en fait : Talence)

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Pendant la semaine écoulée, en fait depuis mardi, j'ai pu un peu écrire. Cela m'a permis de terminer (hier) le chapitre IV du roman (selon le plan initial). Je devrais être heureux : la dernière ligne droite se profile vraiment : sur le "damier"-carte-plan de la narration il ne me reste plus que deux "cases" : celle de la sirène et celle de l'intrigue principale (l'histoire de Véronique et de Maurice). Sauf imprévu, si je travaille régulièrement, j'aurai fini à la fin du mois, dans une vingtaine de jours (il me reste à rédiger six séquences "courtes" de la "case" Véronique/Maurice et la séquence plus longue de la sirène).


Toutefois je suis en proie à un doute terrible. Ne vaudrait-il pas mieux de REORGANISER le livre en ne conservant que la trajectoire tragique de Véronique et de Maurice et en retirant tout le reste (Bourgeade, Abeille, mes mortes, etc.) ? Est-ce raisonnable (littérairement) d'écrire un livre qui en contient plusieurs ? Mon actuelle conception du roman n'est pas adaptée à l'horizon d'attente des lecteurs... J'écris des romans pour le lectorat "avant-gardiste" des années 1970... Ne dois-je pas y renoncer ?

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Je ne tranche pas la "question". J'ai la ferme intention : de terminer le livre selon le plan actuel, puis de créer DEUX fichiers : un contenant "le" livre que j'ai conçu en juin 2022 et un second avec le livre narrant exclusivement l'histoire de Véronique et de Maurice. Je les "oublierai" trois mois. Et à l'été je les lirai et prendrai ma décision finale. Probablement après aussi en avoir parlé à deux ou trois proches, pas plus, qui écrivent et savent lire.

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Si je retire de ce roman la matière "annexe" que je voulais tresser au parcours de Véronique et de Maurice, cela signifiera que j'opère un tournant majeur dans mon écriture.

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26 mars 2023.

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Je viens de terminer le premier jet de ce roman. Le "damier" est rempli. Une première lecture du manuscrit a été effectuée avec les corrections ad hoc. Grande satisfaction et grand soulagement : le plus "gros" est fait. J'ai une copie du roman sur un clé usb. Le livre va "dormir". trois mois et des "boulettes". Je me propose d'entamer autour du 31 juillet sa relecture. Dans la "lenteur", la méthode et la concentration. Mon "objectif" ? Être en mesure de remettre le texte définitif de cette "Une désarmée des morts" autour du 15 septembre.

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30 juillet 2023.

Début de la correction du premier jet de "Elle désarmée des morts".

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18 août 2023.

La relecture du manuscrit est terminée. L'ensemble, initialement de 175 feuillets, a été réduit drastiquement (comme j'en ai "l'habitude" avec mes livres = comme je l'ai fait avec mes livres précédents) ; le texte fait désormais 125 pages.

Je l'ai adressé à Stéphanie Bourgeade et à Anne de Cazanove, ainsi qu'aux propriétaires du vrai "Barrouille". Et à trois autres personnes. Dans l'ordre du symbolique et de l'affectif. Leurs "retours" me seront précieux. Je compte aux alentours du 15 septembre consacrer une dernière lecture-correction à ce roman. Ensuite je l'enverrai aux éditeurs.

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