J'ai le très grand plaisir de publier dans le numéro 1260 de Quinzaine(s) un article consacré à "quatre expositions en Suisse romande".
Cette parution marque le début d'une collaboration avec Quinzaine(s) à la demande de Mme Patricia De Pas qui souhaite que mes chroniques concernent la vie littéraire et artistique suisse, la littérature contemporaine en français et des expositions (peinture, photographie). Et ce, en me laissant libre de choisir mes sujets.
Pour le numéro de Quinzaine(s) de cet été j'ai rédigé un "papier" rendant compte de ma visite de l'exposition "Paolo Roversi" qui se déroule en ce moment à Paris (Palais Galliera). j'ai intitulé cette contribution "Paolo Roversi, photographe de l'autre lumière".
Pour l'heure, voici le début de mon intervention figurant au sommaire du numéro 1260 :
"En Suisse, plus ancienne démocratie d’Europe de l’Ouest, le corps électoral est appelé à aller aux urnes (jusqu’à quatre fois par an) pour se prononcer sur des dossiers exigeant d’être tranchés, à l’échelle fédérale ou cantonale, par une intervention directe des citoyens (à la suite d’une « initiative populaire » ou d’un référendum). Ces consultations ont, selon la terminologie en vigueur, des objets. Depuis que je suis installé à Fribourg et que j’y vis, je perçois cet usage linguistique (qu’en France on jugerait suranné ou provincial) comme symptomal d’un état d’esprit (plus attentif que le nôtre) appréhendant les personnes, non pas en tant qu’individus s’agrégeant les uns aux autres en vertu d’un contrat social, mais dans la réalité des rapports dans lesquels elles sont chacune prises, à commencer par leur relation aux choses et aux biens matériels. En cette année 2024 où nous célébrons le centenaire du Manifeste du surréalisme d’André Breton – lequel s’est beaucoup préoccupé, avec les autres membres du mouvement, de ce problème –, cette impression s’est renforcée lorsque je me suis enquis de la programmation des institutions muséales et lieux culturels que j’ai coutume de fréquenter : j’ai eu le sentiment que, de Genève à Lausanne, en passant par Gruyères, le paysage artistique dans lequel j’évolue désormais m’interpellait et m’invitait à réfléchir à ce qu’il advient de nos productions et de nos créations, y compris les plus humbles. Avec, en tête, cette certitude : il ne suffit pas d’affirmer que notre société a pour coulisse une proliférante décharge ni qu’une économie des détritus et des résidus est source de profit ; il faudrait retourner aux hypothèses de Jean Baudrillard et les actualiser. Toutefois, si je suis à l’aise pour manier le fil associatif, j’endosse avec réticence l’habit du théoricien, de peur de maquiller mes limites en de ronflants et névrotiques discours. Aussi, pour cette chronique, ai-je préféré m’appliquer à « déchiffrer » l’enjeu de quatre de ces manifestations comme si le réel m’adressait un « cryptogramme »."
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