Ma "Désarmée" dans la revue "Europe"
- jmdevesa
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Je suis très heureux que ma "désarmée" soit chroniquée par Alain Roussel dans le numéro de la revue "Europe" de ce mois-ci (lequel est consacré à Edmond Rostand) :
Il m'importe que ma "prose" ait en quelque sorte renoué avec cette grande, prestigieuse et ancienne revue littéraire (fondée en 1923 par Romain Rolland - en nos temps de guerres ouvertes le souvenir et la voix des pacifistes gagnent à être entretenus, célébrés, amplifiés, n'en déplaire à au président Macron et à un nombre hélas trop important de dirigeant-e-s politiques qui se disent de gauche).
Voici le début de la recension de mon roman par Alain Roussel (que je remercie VIVEMENT pour ce texte) :
"On entre dans le livre de Jean-Michel Devésa par deux portes. L’une, la porte cochère, ouvre sur un roman. L’approche pourrait paraître classique. L’auteur commence par évoquer le lieu, une chartreuse dans le Médoc, qu’il nomme Barrouille, entièrement consacrée à la vigne et à l’élaboration d’un cru bourgeois. Ce n’est pas une simple description introductive. L’auteur, qui a vécu à Bordeaux, a une connaissance approfondie de ce terroir dont il détaille la géographie et certains aspects de l’histoire locale liés notamment à l’occupation allemande. Ce coin de terre, dans son roman, appartient depuis six générations aux Garranch-Laterrade. Ce dernier, Simon Laterrade, compromis dans la collaboration a dû s’enfuir en 1944 en Espagne, laissant le champ libre au clan des Garranch pour s’approprier le chai.
L’intrigue se noue autour de deux personnages principaux. Maurice, fils probablement adultérin de Hortense Garranch, épouse Lalanne, devient le patron du domaine. Son tempérament tyrannique lui vaudra très certainement d’être victime d’un faux accident de chasse qui lui arrachera la moitié d’une jambe. Il rencontrera au bar L’Alhambra, lors de ses escapades à Bordeaux, Véronique, une entraîneuse, avec laquelle il se liera, puis se mariera. C’est elle la « désarmée des morts ». À Barrouille comme ailleurs, elle est une sorte de prisonnière, menant comme elle peut sa vie de morte-vivante au milieu de morts-vivants, jusqu’à devenir tétraplégique, probablement sous les coups de Maurice, puis à mourir. Pour écrire cette histoire, Jean-Michel Devésa n’a pas hésité à s’installer quelques jours dans le terroir, à intervalles, pour décrire dans « l’argile des mots », un « Barrouille imaginaire plus juste que l’authentique ». Mais son livre ne se limite pas à ce seul aspect. Il s’attache particulièrement à la forme, cherchant à écrire dans une langue qui n’appartient qu’à lui. Il réinvente le style avec un esprit d’avant-garde, d’où ces phrases longues, cadencées par les virgules, qui dessinent d’étranges arabesques et donnent au récit ce ton si singulier. Certains passages peuvent faire penser à ce que furent les techniques du Nouveau Roman, tel celui où il présente Véronique : « Elle n’est pas très grande mais elle dégage l’impression qu’elle l’est, silhouette et jambes, les pieds dans des escarpins à petits talons, sa chevelure auburn descend au milieu du dos, quand elle s’assied elle la rabat devant elle du haut de la clavicule jusqu’à la saignée du bras, elle porte une robe à fleurs ou noire ou en velours bleu nuit, au-dessus du genou très souvent à manche courte et ceinturée à la taille, au cou un pendentif, un louis d’or... »
L’autre porte, la cavalière, donne accès à un « cahier-journal » quasi autobiographique à l’intérieur du roman et qui entretient avec celui-ci des rapports troublants, « le réel de Barrouille et le sien entremêlés » : une voix off à la Godard, mais quand même dedans...."
(J'aime bien cette photographie - comme dans la nuit du monde - en provenance d'un entretien - une "modération " - filmé en vidéo pour la Librairie Mollat).
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