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Photo du rédacteurjmdevesa

Mon intervention à la VIe Biennale Marguerite Duras




La Vie Biennale Marguerite Duras se tiendra à Duras (Lot-et-Garonne) du Mercredi 9 au Dimanche 13 Octobre 2024.


Elle est organisée par l'Association Internationale Marguerite Duras que préside Michèle Ponticq.


En voici le programme :


J'y interviendrai à trois reprises :


-le vendredi 11 octobre, à 16h30 :

"Le désir, un inépuisable carburant pour la création"

(il s'agira d'une intervention en tant qu'écrivain, et non comme universitaire, à propos de ce que je crois être le ressort de mon écriture, quand je lis Duras et confronte mes "petits textes" aux romans de l'écrivaine, notamment à "L'Amant" et à "L'Amant de la Chine du nord").


-le samedi 12 octobre, à 15h00 :

"L'écriture entre transfert et transport"

Je serai interrogé par Hélène Perlant, professeure de chaire supérieure, en classes préparatoires, critique littéraire, à propos de mes lives et notamment de mon prochain roman ("Une désarmée des morts", Le Temps des Cerises, 2025).


-le samedi 12 octobre, à 16h15 :

"D'un clavecin sensible, l'autre" 

Je dialoguerai avec l'écrivain (et ami) Yves Charnet. 


Mon éditeur, Le Temps des Cerises, sera présent.



Les axes de mon propos :


"Ce que je vais vous confier s’écartera des habitudes et des tics académiques et universitaires, il s’agira d’un ensemble de considérations brodées par un auteur admiratif d’une œuvre qui a sa part dans la voix qu’il s’est forgée et le timbre qui la caractérise.

 

 

 

Dans ma sentimenthèque, ces quelques livres, films et musiques essentiels qui, depuis qu’ils sont venus à moi et que je les ai découverts, contribuent puissamment, c’est-à-dire poétiquement, à orienter mon devenir, Jean-Luc Godard occupe une place de choix. Suis-je en train de m’égarer en évoquant le cinéaste en ouverture d’un propos que j’ai annoncé en résonnance avec le roman de Marguerite Duras, L’Amant, et ce qui, dans ses écrits, m’« interpellent » quant au désir et à l’amour. Rapprocher Godard et Duras n’a rien d’incongru. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur leurs entretiens (Duras/Godard, Dialogues, post-éditions, 2014). Mais laissons, le lien associatif que j’ai entrepris de dérouler n’a guère besoin de justification logico-déductive : l’été dernier, alors que j’avais entamé ma réflexion et des recherches en vue de l’élaboration de cette communication, en rêve, ou dans un état de semi-conscience – était-ce un moment analogue, comparable, à celui qu’évoque André Breton dans le Manifeste du surréalisme quand il relate son invention de l’écriture automatique ? – une séquence célébrissime de Pierrot le Fou s’est imposée à moi, celle où Ferdinand demande à Marianne pourquoi elle est triste, laquelle lui répond que c’est parce qu’il lui parle avec des mots alors qu’elle le regarde avec des sentiments, la scène est encadrée par deux plans où l’on voit Marianne longer le bord de mer, les pieds dans l’eau, se lamentant à haute voix, sur le mode de la rengaine, d’un anthologique « Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire ? ». En me réveillant, d’abord immédiatement après avoir eu cette vision, puis au matin, j’ai eu l’impression que cette réminiscence confortait l’intuition que j’avais commencé à travailler, à savoir que, pour ne pas trop me perdre, dans L’Amant, dans ce qui a trait à Éros et à son marivaudage avec Thanatos et dans ce qui de leurs arabesques infiniment me trouble, il me fallait partir de l’image. Évidemment, après vérification, j’ai relevé que, si dans ma rêverie j’avais distinctement ouï le mot « image », celui-ci n’apparaissait nullement dans l’échange qui s’était rappelé à mon souvenir, loin d’en être déçu j’ai été enclin à penser que cette absence n’invalidait pas l’interprétation que je sentais sourdre en moi de cette intrusion inopinée d’un fragment d’œuvre appartenant à mon panthéon cinématographique, mon appareil psychique ayant procédé à un déplacement, le regard que Marianne portait à Ferdinand avait probablement induit l’image, le terme condensant à la fois le mode de représentation, l’image en général, et une image singulière, un portrait de Marguerite Duras, que j’avais vu accroché à un des murs du Centre Marguerite Duras lors de la première visite que j’y ai effectuée en mai 2022, lequel m’avait touché au point que je l’avais maladroitement photographié, pour en conserver une trace, deux clichés, pas un, comme je le fais souvent dans le cadre de mon travail d’écriture, ces prises de vue ayant pour moi valeur de notes et de pense-bête. Or, dans les jours qui ont précédé l’incursion de Godard, d’Anna Karina et de Jean-Paul Belmondo dans mon sommeil, après m’être plongé dans une relecture de L’Amant, j’avais songé indispensable d’extirper de la mémoire de mon smartphone ces deux « archives » pour que, d’une manière ou d’une autre, elles m’assistassent dans la conception et l’écriture de ma future intervention à cette Biennale, pratique dont je suis coutumier lorsque j’ouvre le chantier d’un de mes petits romans, puisqu’il me faut alors, près de moi, sous mes yeux, et à mes oreilles, une image, précisément, et une mélodie : pour Bordeaux la mémoire des pierres, une reproduction de La Laitière de Bordeaux de Francisco de Goya, et la version a cappella de Si quieres me escribir par Marina Rosell ; pour Une fille d’Alger, un nu, exotique et colonial, photographié par Ernst Heinrich Landrock et Rudolf Franz Lehnert, possiblement celui d’une almée Ouled-Naïl, et la chanson Alger Alger de et par Lili Boniche ; pour Garonne in Absentia, une photographie d’une porcelaine de Jessica Harrison et la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, interprété par Bertrand Chamayou ; pour le très prochain Une désarmée des morts, la photographie de ma mère enfant, et nue, et Youkali de Kurt Weill chanté par Barbara Hannigan."





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