Quand il habitait Bordeaux, et depuis qu'il s'était mis en tête de rédiger sa Garonne, combien de fois est-il passé devant cette maison laquelle tranche par son allure méridionale avec le reste du quartier ? En 1997, alors que de retour dans la ville de son enfance et de sa jeunesse il cherchait à tisser des liens avec des femmes et des hommes de son engeance, l'occupante du premier étage l'avait reçu. L'appartement lui était paru sombre, encombré de gueilles et de vieilleries, et nauséabond, l'odeur d'un chat l'avait en effet incommodé. Il ne s'y était rendu qu'une seule fois, préférant cultiver d'autres relations. Pourtant, à chacun de ses passages sous le balcon de ce logement, il levait les yeux, guettant un signe derrière les volets, et se demandant si la personne qu'il y avait rencontrée en était toujours l'habitante. Rien ne lui avait fait retenir que cette bâtisse avait été érigée à l'angle de la rue Malleret. Comme l'écriture, le monde et la vie ne sont hermétiques qu'à celles et à ceux qui ne se donnent pas le temps de les décrypter. Ou qui prétendent les saisir sans aucun effort. Vingt-six ans après cette visite, son regard s'est enfin porté sur plaque. Et il a souri : l'édifice dont il est question est sis rue Fondaudège, l'antique via medulica conduisant à la fin des terres à travers tout le Médoc. Quels sont donc les fantômes qui, hantant ces pierres, l'ont appelé à psalmodier son roman Une désarmée des morts en guise de chant funèbre ?
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