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7 mars : Parution de "Un passé lumineux" de Léo Barthe



Léo Barthe, Un passé lumineux suivi de Pour une lecture amoureuse, direction scientifique de Jean-Michel Devésa, Paris, La Musardine, mars 2024.

 

 


Quand il nous a quittés, l’écrivain Jacques Abeille était en train de mettre au point Un passé lumineux, une fiction qu’il avait décidé de signer de son hyponyme Léo Barthe et de confier à La Musardine. Il s’agit d’une longue nouvelle (ou d’un petit roman) qui voit le narrateur s’adonnait avec Albertine, sa compagne, à un troublant rituel, à une « cérémonie », celle de la toilette que le premier dispense à la seconde selon un protocole frisant l’obsession, et conduisant à de multiples caresses (souvent anales) et à de voluptueuses étreintes, ce qui permet à l’auteur de ciseler un hymne à la femme et à sa beauté, et de camper ses personnages en proie à l’excitation et à l’extase dans une variation continue d’ébats et de désirs si bien qu’Albertine a « le cul en tête » et en fête, les deux amants alternant follement les jeux et les mises en scène, les émotions et les chatteries. Très vite, le lecteur est convié à assister à un drôle et sulfureux petit théâtre, celui d’un couple qui, dans une fausse candeur, trouve son bonheur dans les parages incertains du vice et de la vertu (feinte).

 

Le roman est suivi d’un texte à caractère critique et autobiographique dans lequel Jacques Abeille s’explique longuement sur sa poétique et sa conception de l’écriture dans ses rapports au rêve, à l’imaginaire, à l’aiguillon du désir. Dans cet exposé qui a été dicté à sa compagne et est resté malheureusement lui aussi inachevé, l’écrivain qui a toujours évoqué son propre parcours et sa personne avec discrétion et modestie se livre non seulement à des confidences touchant à son enfance et à ses choix d’adulte, tant sur le plan littéraire que dans sa vie personnelle, mais de surcroît il procède dans une langue à la fois accessible et précise à une sorte de mise au point relative à sa place au sein de la « république des lettres ».

 

La réunion de ces deux textes et leur publication dans une édition éclairant les lecteurs quant à leur genèse auront valeur d’événement : au plaisir et à la malice du texte romanesque (Un passé lumineux) s’ajoutera l’éclairage apporté par la réflexion d’un poète demeuré fidèle aux engagements de sa jeunesse (le surréalisme, la liberté d’expression et de création, la puissance émancipatrice d’Éros).

 

 












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