Là-bas, au loin, là où d’aucuns qui ne lisent pas les poètes ni le latin disent que c’est un enfer et une fin des terres, alors que c’est un pays au milieu des eaux, en butte à l’ouest à l’océan ses rouleaux et un apport permanent de sable, et frangé à l’est, en bordure d’estuaire, par une dentelle de marécages drainés par des jales et insensiblement augmenté par une multitude d’îles alluvionnaires instables que finit par rattacher à la terre et son socle calcaire l’action conjuguée et pourtant contradictoire des marées et de courants fluviaux impétueux, comblant inexorablement les bras de la rivière qui les avaient un temps tenu isolées mais avec assez de lenteur pour que les humains, de leur vivant, n’en aient pas conscience, à moins d’avoir la curiosité de consulter les livres d’histoire les cartes et les travaux des savants et érudits visant à dépeindre ce qu’était la région au moyen âge, ou dans l’antiquité, avant la formation du cordon dunaire et les transformations du paysage qu’il a provoquées, la constitution de grands lacs l’inversion du ruissellement désormais orienté vers la Garonne et la Gironde, la disparition progressive sous les graves d’un large delta changeant les croupes et cailloux émergeant en son sein boueux en collines que le soleil taraude.
top of page
bottom of page
Comments