Nous, enseignant(e)s-chercheur(e)s, chercheurs et chercheuses, auteur(e)s, condamnons fermement les violences policières pratiquées par l’Etat français contre les manifestations qui protestent contre les régressions sociales imposées par le gouvernement. Depuis le 16 janvier 2023, des centaines de milliers de personnes sont descendues calmement dans la rue pour demander le retrait d’une contre-réforme des retraites qui repousse l’âge de départ à la retraite à 64 ans et pénalise les métiers les plus pénibles et les moins bien
rémunérés.
Malgré les demandes de l’intersyndicale, le pouvoir politique a refusé toute possibilité de rencontres en assenant des mensonges et est devenu inaudible pour la très grande majorité de la population française. Il est sans doute inutile de rappeler les errements du ministre du travail sur l’augmentation des petites retraites. La première ministre elle-même a été incapable d’expliquer le texte de cette loi. Cette incompétence indescriptible s’est accompagnée de formules martelant que la loi serait votée devant le Parlement sans recours à l’article 49.3 de la constitution mise en place par Charles de Gaulle en 1958. Or, quelques heures avant le vote, le gouvernement, à la demande du président de la République, décide de passer en force sans que la loi puisse être votée par l’Assemblée nationale, attisant la colère du peuple.
La seule réponse à cette colère a été la violence policière et le recours à des armes de guerre. Le 25 mars, une manifestation était organisée à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres contre l’installation de méga-bassines, d’immenses réserves d’eau qui vont assécher encore plus les cours d’eau au profit de quelques planteurs de maïs. Une répression très violente avec l’usage de LBD et de grenades GM2L a provoqué de très graves blessures et un homme lutte toujours contre la mort. Depuis plusieurs années nous assistons en France à une politique répressive très inquiétante qui remet en cause le droit de manifestation contre les injustices sociales, environnementales ou la protection des migrants et des réfugiés. On rappellera la répression violente contre le mouvement des Gilets jaunes avec la mort de Zineb Redouane, le meurtre de Rémi Fraisse dans une manifestation contre le barrage de Sivens, projet abandonné depuis. Peu de pays européens arment leur police avec de tels moyens.
Le gouvernement français est l’un des plus répressifs en Europe. Il a, par ailleurs, été condamné à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’homme sur la situation des prisonniers. L’Etat français s’éloigne peu à peu de l’Etat de droit en faisant le lit de l’extrême-droite.
Nous demandons l’arrêt immédiat de ces violences inqualifiables, la condamnation des policiers protégés par leur ministre, le respect du droit de manifester, celui de protéger les plus faibles et d’accueillir les réfugiés victimes, tout comme la population française, d’une politique néo-libérale qui détruit les êtres humains et notre planète.
Premier(e)s signataires :
Annie Ernaux, écrivaine, prix Nobel de littérature.
Gérard Delteil, écrivain.
Serge Quadruppani, écrivain.
Gérard Mordillat, écrivain.
Pascale Pellerin, chercheuse CNRS.
Linda Gil, enseignante-chercheuse.
Dan Franck, écrivain.
Pierre Tevanian, co-animateur de LMSI (collectif Les mots sont importants).
Olivier Neveux, enseignant-chercheur.
Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant-chercheur.
Julien Salingue, docteur en sciences politiques.
Etienne Balibar, philosophe.
Laurent Binet, écrivain.
Yannick Bosc, enseignant-chercheur.
Odile Conseil, journaliste.
Pierre Crétois, enseignant-chercheur.
Ugo Palheta, enseignant-chercheur.
Gilles Manceron, historien.
Eric Fassin, enseignant-chercheur.
Halima Ouanada, enseignante-chercheuse. Tunisie.
Michaël Löwy, sociologue.
Michel Cochet, philosophe.
Yves Vargas, philosophe.
Annie Ibrahim, enseignante, philosophe.
Pierre Leufflen, chercheur.
Anthony Mangeon, enseignant-chercheur.
Michel Kokoreff, enseignant-chercheur.
Marc-André Bernier, professeur-chercheur, Québec.
Audrey Faulot, enseignante-chercheuse.
Jean-Christophe Abramovici, enseignant-chercheur.
Sarah Hatchuel, enseignante-chercheuse.
Monica Michlin, enseigante-chercheuse.
Chantal Jaquet, enseignante-chercheuse.
Sophie Audidière, enseignante-chercheuse.
Patrick Taïeb, enseignant-chercheur.
Bertrand Binoche, enseignant-chercheur.
Serge Linkès, enseignant-chercheur.
Gail Noyer, enseignant-chercheur.
Laurence Vanoflen, enseignante-chercheuse.
Hervé Loichemol, metteur en scène.
Richard Walter, ingénieur CNRS.
Marc Buffat, enseignant-chercheur.
Clément Chateau, enseignant-chercheur.
Aurèle Crasson, enseignante-chercheuse.
Agnès Deboulet, ensiegnante-chercheuse.
Annie Chassagne, enseignante-chercheuse.
Florence Bouillon, enseignante-chercheuse.
Marc Hersant, enseignant-chercheur.
Jean Fabien Spitz, enseignant-chercheur.
Ann Thomson, enseignante-chercheuse.
Lydia Váquez, traductrice, professeure des universités.
Laurence de Cock, enseignante, chercheuse.
Patricia Touboul, enseignante-chercheuse.
Sandrine Lemaire, historienne.
Nicole Pignier, enseignante-chercheuse.
Françoise Le Borgne, enseignante-chercheuse.
Cécile Kovacshazy, enseignante-chercheuse.
Justine Mangeant, doctorante.
Gérard Laudin, enseignant-chercheur.
Christelle Hamel, chercheuse.
Fiona Delahaie, docteure, docteure en sciences du langage.
Etienne Arnould, doctorant.
Debora Sicco, docteure en histoire de la philosophie.
Benoît Tadié, enseignant-chercheur.
Gerardo Tocchini, enseignant-chercheur.
Stéphane Pujol, enseignant-chercheur.
Jean-Michel Devésa, enseignant-chercheur, écrivain.
Sébastien Fontenelle, journaliste et écrivain.
Christabelle Dieuaide, enseignante.
Roland Pfefferkorn, enseignant-chercheur.
Nelly Sanchez, enseignante-artiste.
Agata Jackiewicz, enseignante-chercheuse.
Gauthier Ambrus, docteur en littérature française, journaliste.
Claude Klein, enseignant-chercheur.
Dimitri Albanese, enseignant-chercheur.
Thomas Luberriaga, doctorant.
Jean Erian Samson, doctorant.
Anouchka Vasak, enseignante-chercheuse.
Véronique Bover, artiste, scénariste.
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