Dans la nuit un quartier de lune sarrasine et dans la ville un refuge forestier dissimulé derrière trois rangs de maisons patriciennes ; une terrasse, celle de la presse, en face de La Liberté et de l’imprimerie Saint-Paul, dont il se dit qu’il pourrait l’ensemencer de ses habitudes et de quelques-unes de ses chimères ; une clé perdue qui l’agace, des chroniques arrachées aux cartons aux meubles déménagés ou livrés. Cependant une fraîche et franche clarté électrise la journée avec des ombres nettes et des trouées lumineuses sur le sol et les murs, un bleu du ciel au parfum de chocolat. De l’une de ses fenêtres, le dôme du Christ-Roi et le clocheton qui surmonte la Brasserie 39 à l’angle de Pérolles, tuiles et ardoises principalement sur le boulevard et en retrait des barres d’immeubles. Tout autour du parc du Domino, de très assidus boulistes, quelques marginaux alcooliques, des enfants qui jouent, ballons et balançoires, de vieilles personnes sur des bancs, des couples, des amours paisibles plus que des flirts, et un kiosque : tabac boissons y compris de la bière cartes postales et presse, même Le Diplo ; les copains et copines de l’établissement scolaire voisin, à midi, autour de tartines d’une canette de clopes de friandises, et aussi à la fin des cours, histoire de souffler entre l’ennui du dressage social et la routine des darons qui même ouverts et aimants demeurent n’est-ce pas à côté de l’essentiel, imperméables aux rires et aux rêves de leurs rejetons. Dans la brume matinale annonciatrice des rigueurs de l’hiver, il se demande en trempant un bretzel dans son café s’il participe déjà de ce petit monde, des tourbes de Garonne il s’est extrait mais n’a pas encore rempli ses poches de pierres roulées et polies par le Gottéron en vue de s’acquitter de l’obole exigée par le nocher préposé à la traversée.
top of page
bottom of page
Comments