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Marguerite Duras : Le Désir ou comment mourir vivant


Le mois dernier s'est tenue la VIe Biennale Marguerite Duras, à l'initiative de l'Association Internationale M. D. Son animatrice, Michèle Ponticq, m'a fait l'amitié de m'y convier. J'y ai présenté cette communication, non pas une intervention savante, en aucun cas une contribution académique, mais un "tressage", un va-et-vient entre l'oeuvre monumentale de Duras et quelques aspects de mes petits écrits, avec l'idée que ce que nous écrivons ne fait qu'ajouter des feuillets à ce qui est déjà écrit, nous n'écrivons pas seulement nos livres "avec la bibliothèque", nos ouvrages "continuent" un seul et même texte, conception "argentine", moderne, de la littérature à laquelle je souscris.


Cette mise en ligne me permet de REMERCIER :


-Michèle Ponticq, pour m'avoir convié à ces belles journées ;

-Hélène Perlant, pour y avoir dialogué avec moi : ses analyses, concernant ce qui "démarque" mon écriture, cheminent, leurs effets se donneront à lire ;

-Simona Crippa et Johan Faerber, pour m'avoir proposé de mettre en ligne mon intervention dans Collatéral.


 « Le Désir ou comment mourir vivant », [à propos de Margueirte Duras], in Collatéral, [en ligne], https://www.collateral.media/post/marguerite-duras-le-d%C3%A9sir-ou-comment-mourir-vivant  [12 novembre 2024].


Voici le début de ce texte :


"Dans ma sentimenthèque,– ces livres, films et musiques essentiels qui, depuis qu’ils sont venus à moi et que je les ai découverts, contribuent poétiquement à orienter mon devenir –, Jean-Luc Godard occupe une place de choix. Suis-je en train de m’égarer en évoquant le cinéaste en ouverture d’un propos annoncé en résonnance avec le roman de Marguerite Duras, L’Amant, et ce qui, dans ses écrits, m’« interpellent » quant au désir et à l’amour ? Rapprocher Godard et Duras n’a rien d’incongru. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur leurs entretiens (Duras/Godard, Dialogues, post-éditions, 2014). Mais laissons, le lien associatif que j’ai entrepris de dérouler n’a guère besoin de justification : l’été dernier, alors que j’avais entamé ma réflexion et des recherches en vue de l’élaboration de cette communication, en rêve, ou dans un état de semi-conscience – était-ce un moment analogue, comparable, à celui qu’évoque André Breton dans le Manifeste du surréalisme quand il relate son invention de l’écriture automatique ? – une séquence célébrissime de Pierrot le Fou s’est imposée à moi, celle où Ferdinand demande à Marianne pourquoi elle est triste, laquelle lui répond que c’est parce qu’il lui parle avec des mots alors qu’elle le regarde avec des sentiments, la scène est encadrée par deux plans où l’on voit Marianne longer le bord de mer, les pieds dans l’eau, se lamentant à haute voix d’un anthologique « Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire ? ». En me réveillant, d’abord immédiatement après avoir eu cette vision, puis au matin, j’ai eu l’impression que cette réminiscence confortait l’intuition que j’avais commencé à travailler : à savoir que, pour ne pas trop me perdre, dans L’Amant, dans ce qui a trait à Éros et à son marivaudage avec Thanatos, et dans ce qui de leurs arabesques infiniment me trouble, il me fallait partir de l’image. Évidemment, après vérification, j’ai relevé que, si dans ma rêverie j’avais distinctement ouï le mot « image », celui-ci n’apparaissait nullement dans l’échange qui s’était rappelé à moi, loin d’en être déçu j’ai été enclin à penser que cette absence n’invalidait pas l’interprétation que je sentais sourdre de cette intrusion inopinée d’un fragment d’œuvre appartenant à mon panthéon cinématographique, mon appareil psychique ayant procédé à un déplacement, le regard que Marianne portait à Ferdinand avait probablement induit l’image, le terme condensant à la fois le mode de représentation, l’image en général, et une image singulière, un portrait de Marguerite Duras, que j’avais vu accroché à un des murs du Centre Marguerite Duras lors de la première visite que j’y ai effectuée en mai 2022, lequel m’avait touché au point que je l’avais maladroitement photographié, pour en conserver une trace, deux clichés, pas un, comme je le fais souvent dans le cadre de mon travail d’écriture, ces prises de vue ayant pour moi valeur de notes et de pense-bête. Or, dans les jours qui ont précédé l’incursion de Godard, d’Anna Karina et de Jean-Paul Belmondo dans mon sommeil, après m’être plongé dans une relecture de L’Amant, j’avais songé indispensable d’extirper de la mémoire de mon smartphone ces deux « archives » pour que, d’une manière ou d’une autre, elles m’assistassent dans la conception et l’écriture de ma future intervention à cette Biennale, pratique dont je suis coutumier lorsque j’ouvre le chantier d’un de mes petits romans, puisqu’il me faut alors, près de moi, sous mes yeux, et à mes oreilles, une image, précisément, et une mélodie : pour Bordeaux la mémoire des pierres, une reproduction de La Laitière de Bordeaux de Francisco de Goya, et la version a cappella de Si quieres me escribir par Marina Rosell ; pour Une fille d’Alger, un nu, exotique et colonial, photographié par Ernst Heinrich Landrock et Rudolf Franz Lehnert, possiblement celui d’une Ouled-Naïl almée, et la chanson Alger Alger de et par Lili Boniche ; pour Garonne in Absentia, une photographie d’une porcelaine de Jessica Harrison et la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, interprété par Bertrand Chamayou ; pour le très prochain Une désarmée des morts, la photographie de ma mère enfant, et nue, et Youkali de Kurt Weill chanté par Barbara Hannigan."








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Bob Grun
Bob Grun
Nov 12

Marianne léniniste?

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