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Photo du rédacteurjmdevesa

Pandore lui a-t-elle prêté la main ?

IMEC, jeudi 16 et vendredi 17 septembre.


Consulter des archives, surtout lorsque les documents que l’on a devant soi n’ont pas été totalement triés classés répertoriés, et que l’on est autorisé à plonger les yeux et le regard dans des lettres des photographies des papiers personnels, des listes des notes et des repentirs, qui attendent une côte l’identification d’un interlocuteur l’élucidation des conditions dans lesquelles ils ont été produits émis rangés dans un dossier ou une mallette, tout entier alors dans ce travail d’exhumation, on se sent, malgré les autorisations obtenues et les décharges signées, comme un intrus, et pas seulement un voyeur, on est entré chez l’autre par effraction, et de surcroît une manœuvre des plus dérangeantes, à la fois pour la mémoire de la personne dont on fouille ainsi l’intimité et pour soi, puisque la chose est loin d’être vénielle, effraction donc avec infraction majeure à la limite de la profanation.

À l’Abbaye d’Ardenne, les fantômes qu’elle protège ne rôdent pas aux abords du domaine ni à l’intérieur de celui-ci, on ne sent pas leur présence le long du mur d’enceinte ni dans les parages du cloître et du monastère ni dans les différents corps de bâtiments qui la constituaient et qui ont traversé les siècles, une fois l’entrée franchie aucun spectre ne vient à la rencontre de l’arrivant, la cour son bassin le potager qu’on devine les arbres trapus qu’on aperçoit le saule dont une brise d’automne berce dans un profond silence les branches une volée de pigeons posée sur le faîte de l’abbatiale pour épier et guetter, de cet ensemble église grange logis dépendances étrangement dressé dans la plaine, une plaine que le ciel indépendamment de la saison et du temps qu’il fait aplatit encore davantage, se dégage un embarrassant sentiment de vacuité. Et pourtant pas un seul revenant, pas même l’ombre des moines ayant vécu et prié ici ni des malheureux jeunes soldats canadiens fusillés par les nazis le 7 juin 1944. Les fantômes qui en effet ont trouvé refuge en ce lieu sont rangés dans des boîtes étiquetées avec un code, certaines sont de couleur vermillon d’autres gris béton, elles renferment les reliefs de bien des vies, avec ceci de particulier, ceux qui y ont déposé leurs joies chagrins soucis et manuscrits ne sont pas tous morts, on en connaît, si bien que ces enfers ont un air de salle des courants d’air, une antichambre un entredeux, avec plus qu’une interrogation une énigme, quand une main de Pandore soulève un couvercle, quelles humeurs s’en échappe-t-il et faut-il s’en préserver ?




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