Samedi 17 juin à 20h30, lecture-performance de quinze minutes environ, avec notamment Eric Chevance à la contrebasse, et une surprise..., dans le cadre de la première intervention du collectif « Et la beauté qui vient… », Librairie Olympique, Bordeaux.
" I
À Bordeaux, et non pas à Londres un soir de demi-brume, à Bordeaux donc un rituel de conjuration pour apprivoiser les fantômes et abolir les effets du temps qui passe : le souvenir des amours mortes, une ou deux succubes qui fourragent la cervelle, de celles qui savent les mots et les vivre, et le mors aux dents du désir pour ne pas écumer car on n’est plus très fringant lorsque dans la bidoche cela soubressaute et déraille, en plus de la brioche qui point et de la chair qui en bourrelet et papillote s’étale, à cet affaissement qu’aucun régime ni exercice n’est à même d’endiguer, la fermeté et la vigueur de la jeunesse versant dans la farine le grumeau et la cellulite, s’ajoutent d’inattendus désagréments, parfois cela crispe et ripe, ou bloque, avant-signes de l’inéluctable débâcle-et-cérémonie des adieux, sur le moment on en est interdit, faute d’avoir été alerté et de s’être préparé à ces coups de tabac, par cette suite discontinue d’infortunes on est atteint, chaque fois davantage, en dépit des rémissions et des embellies, et des chansons auxquelles on se raccroche, bref l’implacable force des choses malgré le cœur qui gambade et la tête qui furète et interroge l’énigme du monde, ainsi lui arrive-t-il de ratiociner entre crépuscule et nuit quand le sentiment de vacuité le cravate trop étroitement, s’enfuyant de son refuge des boulevards où il est incapable de demeurer en place ni de se cuisiner un quelconque plat, encore moins de calmer son trouble, et dérivant à travers la cité percée de rues qui, pour lui, ne mènent nulle part si ce n’est au fleuve et dans les recoins les plus enfouis de sa mémoire, dans les parages des Deux-Frères du Boquerón et surtout de La Venta, là où jadis contre dix balles en francs nouveaux une serveuse au profil de madone c’est-à-dire de petite laitière lui présentait en trois services son repas, hors d’œuvre et dessert à choisir sur un plateau et viande en sauce poisson ou paëlla à déterminer, café en supplément mais quart de vin compris, toutefois depuis belle lurette les filles putatives de Goya n’élisent plus domicile dans les bâtisses à proximité des quais, presque un quart de siècle après avoir reposé ici son baluchon il ne l’ignore pas, il y supplée dans la fantasmagorie et la rêverie éveillée."
Vous désirez connaître la suite ?
Venez ce samedi 17 juin, à L'Olympique...
Ce ne sera pas seulement une lecture. Mais une lecture-performance.
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