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Photo du rédacteurjmdevesa

"... à l'allonge de sirène..."

Pour les arapèdes, il a toujours eu un faible, depuis ses très jeunes années en Algérie, quand à Baïnem au pied du cabanon, sous la surveillance de Jeanne, il barbotait dans les vasques dont seuls les contours émergeaient et que la houle avait creusées.


Il lui arrivait d'observer à l'intérieur à l'intérieur de ces bassins, ainsi que la famille les désignait, du fretin et de petits crabes égarés, ce spectacle le réjouissait, son goût pour la pêche et la patience qu'elle requiert ils viennent peut-être de ce temps et du pourquoi on l'avait incité à entrer dans l'eau : apprendre à nager, et bien, à l'exemple de sa mère laquelle avant son mariage avait été une championne, combien de compétitions et de traversées du port, des médailles en pagaille, au crawl, une sportive à l'allonge de sirène.


Jeanne qui, elle, nager ne savait pas,le lui répétait, à satiété, avant pendant et après la baignade, en le harnachant d'une corde de dix mètres autour du ventre, plus efficace que le cordon coupé à la naissance et moins entravant qu'un fil à la patte, sa fille elle l'avait pondu le mioche mais c'était tout, le paquet c'était elle qui en avait la responsabilité, elle préférait donc redoubler de précaution, au cas où perdant pied le gosse boirait la tasse il ne risquerait pas de se noyer, ainsi pouvait-elle à tout moment intervenir, et de la plage de galets où elle le guettait, droite comme un i, elle faisait le gendarme, entièrement habillée, souliers gaine et robe, avec un foulard ou un galurin de paille pour se protéger du soleil, de celui-là aussi il fallait se méfier car il tapait dur, l'insolation tombant ni une ni deux sur le cigare des imprudents et les foudroyant il était nécessaire de se prémunir.


Sur les rebords déchiquetés de ces cuvettes naturelles pullulaient des chapeaux chinois, les yeux rivés sur eux le bambin adorait de l'index les effleurait, en se contractant ils paraissaient faire corps avec la paroi à laquelle ils étaient fixés.


Il est une fontaine à Riehen si limpide qu'elle lui rappelle cet émerveillement et avive en lui le manque dans lequel se lit un rêve, celui d'un attachement comparable à la façon dont en Mediterranée à la roche s'agrippent les arapèdes.







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